Un cycle de conférence proposé par Stéphanie Sagot, maîtresse de conférence en art et artiste, dans le cadre du laboratoire interne de recherche en création située SITé de l’Université de Nîmes.
Dans sa Carte de Tendre (1654), Madeleine de Scudéry revisite par une allégorie topographique l’amour courtois du Moyen Âge en souhaitant rénover les mœurs de son temps par la réification de structures de sensibilité.
Réengager aujourd’hui ce lien entre territoires et sentiments, entre terre et tendresse, me permet de documenter le réel et de donner à voir et à écouter une série de récits écosensibles, amoureux[1] et situés témoignant de l’engagement de personnes cultivant une esthétique du soin portée à l’ensemble du vivant. Il reprend également un des sens anciens du mot Amour, qui définit une terre fertile vers 1200.
[1] L’amour dont nous parlons ici est à entendre comme dégagé des dominations patriarcales et proposé comme acte et théorie politique dans le sens où le propose Bell Hooks in A propos d’amour, éditions Divergences, 2022, 1ère édition américaine 2000
Carte de Tendre, Terre Amoureuse, Férale. Stéphanie SAGOT, Fresque aquarelle, 150x100cm, 2023.
Ce cycle de conférences débutera le 18 octobre à 18h en amphi A1 avec Charlotte Cosson, historienne de l’art et autrice de Férale, réensauvager l'art pour mieux cultiver la terre, Actes Sud, 2023.
Le champ des sciences humaines vit actuellement un profond changement : il tente de sortir des cadres de pensées modernes afin d’entrer dans une réflexion moins binaire ou clivée, plus proche de l’organique. L’anthropologie et la philosophie font sauter les binarités corps/esprit, rationnel/imaginaire et, surtout, nature/culture. Cette dernière opposition s’origine dans une séparation non-fondée de l’humain des autres espèces. Ces manières d’appréhender le monde ne sont pas nouvelles : elles rejoignent les mœurs pré- et péri-modernes de celles et ceux dont le capitalisme ne forme pas le cadre sociétal. Mais comment repenser l’histoire de l’art à l’aune de ces transformations intellectuelles ? L’art n’a-t-il pas, précisément, été pensé comme l’apanage des humains séparés du reste des vivants ? Comme une « culture » bien séparée d’une « nature » ? Les tiraillements entre sauvage et domestiqué semblent plus propices pour approcher un nouveau courant d’œuvres contemporaines. Certain.e.s artistes placent en effet les végétaux, insectes ou animaux libres au centre de leur pratique. La féralité - ce processus qui décrit le retour à la vie sauvage d’un animal domestiqué - ne pourrait-elle pas être étendue à nos quotidiens afin de sortir de l’immobilisme dans lequel plonge souvent le dérèglement climatique et la sixième extinction de masse ?
Publié le 12 octobre 2023
"Cartographier le Tendre : pour une écosensibilité amoureuse"
Charlotte Cosson
Le 18 octobre à 18h
amphi A1 Site Vauban